EFFLUVES ADDICTIVES DES AMERIQUES

Chèr(e) Ami(e),

Ah ça faisait bien longtemps que je rêvais d’Amérique. Je ne vous cache donc pas mon excitation quand l’occasion s’est enfin présentée de traverser l’Atlantique, pour faire la connaissance d’un   « craftsman » canadien avec qui j’espérais monter une collaboration pérenne. Une fois cette invitation honorée, je pourrais probablement inventer une suite à l’aventure.

Ce ne sont pas les options qui manquent sur cet immense continent qui fleure bon l’échappée sauvage. Voilà pourquoi de prime abord je m’étais prise à songer à l’équation ultime: 1 an + 1 van. Mais si l’idée m’enchantait, j’avais tout de même fini par me raviser (pour cette fois) afin de ne pas délaisser trop longtemps les projets en écriture. Les rêves ont des timings qu’il faut parfois avoir la délicatesse de ne pas contrarier, et le sort de mon jeune studio de création répond à la maxime.

Aujourd’hui, après quelques trois mois de voyage, me voici dans la région d’Arequipa pour une dernière étape en altitude. Et quelle splendeur que ces hauts plateaux du Pérou embaumant la verveine ! Leur note florale acidulée pose le décor, et révèle un visage de la Cordillère des Andes que l’on ne soupçonne pas. Il s’agit de verveine odorante, et ce qui est sûr c’est qu’elle est aussi sauvage que le terrain sur lequel elle déploie ses plans à plus de 2300 mètres. Une onde raffinée entre citron et citronnelle. Rien à voir avec la verveine de Mamie.

(Photo : Verveine odorante)

Au Brésil ç’avait été une toute autre histoire. Même si une nouvelle fois je me rends compte que les rencontres avec des parfums guident mes pas de par le monde et sont très souvent le souvenir que j’emporte avec moi en quittant un lieu...

Une perception olfactive peut assez facilement imprimer dans notre conscience une image, parfois très nette. Imaginez alors mon émerveillement en visite dans une plantation récoltant des fèves de Tonka. L’intensité d’un baume au chocolat sans étourdissement calorique. La note balsamique de la fève de Tonka, aux accents gourmands d’amande et de vanille, marie l’intensité du cèdre et la douceur crémeuse du Santal. De ces bonheur qui donnent envie de se lover avec un goûter au sortir d’une douche chaude.

(Photo : Fèves de Tonka)

Précédemment, en Amérique Centrale, avant de franchir l’équateur, j’avais fait escale au Mexique. Une vraie découverte, à l’aura puissante, où la chaleur infuse les matières et les corps. Et pourtant j’y ai certainement eu mon coup de coeur aromatique du voyage, la tubéreuse.

En la croisant, mon nez m’avait instantanément projetée dans un dessin de fleur. Un trait chic et candide à la fois, avec ce quelque chose de l’enfance qui enivre.

(Photo : Tubéreuse)

Et puis voilà nous y sommes, d'un bond par-dessus les Etats-Unis, de retour au point de départ de cette odyssée. Comme je vous le disais, tout a commencé au Canada, et l'endroit où se trouve l’atelier de mon artisan est une carte postale à lui seul.

Imaginez une cabane sur la rive d’un grand lac désert. Idyllique n’est- ce pas? Une construction plutôt basique, en Fir Balsam, un conifère de la région qui offre par ailleurs une empreinte olfactive tout à fait singulière (ce qui n’est pas pour me déplaire)... Fraîche, boisée, camphrée, légèrement fruitée aussi. Un délice.

Après notre rendez-vous, nous nous étions installés sur la terrasse sur pilotis, dans des fauteuils à bascule. Et quand l’atmosphère s’était soudain rafraîchie, il avait suffit d’un plaid d’été pour étirer le moment jusque sous les étoiles.

Quel voyage !

Fermez les yeux un instant... Je fais de même ici. Où aimeriez-vous que nous nous donnions rendez-vous pour un prochain voyage?

Je vous embrasse, Jeanne

Jeanne Gautier-Jezequel
Designer
www.jeannegautier.com
Instagram : @jeannegautierjezequel

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Photo de couverture de Emeric Jezequel 

https://www.emericjezequel.com/

Instragram : @emericjezequelphotography